Cigarette électronique : la nouvelle source d’allergie de contact au nickel du 21e siècle ?

• Published in: Annales de dermatologie et de vénéréologie 2015-12, Vol.142 (12), p.S504-S504
• Main Authors: Maridet, C., Amici, J.-M., Taieb, A., Milpied, B.
• Format: Article
• Language: fre
• Subjects: Cigarette électronique; Eczéma de contact; Nickel
• ISSN: 0151-9638
• DOI: 10.1016/j.annder.2015.10.175

Le nickel est l’allergène de contact le plus fréquent et ses sources d’exposition sont bien connues et réglementées. Nous rapportons le premier cas d’eczéma de contact au nickel lié à l’utilisation d’une cigarette électronique. Une femme de 52ans consultait pour une dermatose érythémato-squameuse et prurigineuse de la main droite qui évoluait depuis 8 mois. Les lésions étaient limitées à la pince pouce-index et compatibles avec un eczéma de contact. Elle avait pour antécédent un accident ischémique transitoire (AIT) survenu 10 mois auparavant, ainsi qu’une histoire d’allergie de contact aux bijoux fantaisie avec des patch-test positifs au nickel. Elle expliquait que, suite à son AIT, elle avait dû arrêter de fumer et s’était tournée vers l’utilisation d’une cigarette électronique. Nous avons réalisé un test à la dymethylglyoxime (DMG) sur la portion maintenue de sa cigarette électronique. Celui-ci était fortement positif. Nous avons porté le diagnostic d’eczéma de contact au nickel en rapport avec l’utilisation de sa cigarette électronique. Le changement pour un dispositif plastique a rapidement amélioré l’eczéma. La cigarette électronique a été brevetée en 2003 par un pharmacien chinois, M. Hon Lik. Depuis, plus de 2500 modèles sont vendus à travers le monde. Nous pensons qu’un certain nombre contient du nickel. Afin d’avoir une première idée de la fréquence de la teneur en nickel dans ces dispositifs, nous avons visité 4 magasins de cigarettes électroniques et réalisé un test à la DMG sur 11 modèles différents. Trois étaient positifs, avec un modèle testé deux fois et positif dans les deux cas. Donc, près d’un quart des cigarettes électroniques testées présentaient une teneur en nickel supérieure aux normes autorisées. L’exposition au nickel a été réglementée par les directives européennes de 1994, revues en 2004, stipulant que le nickel relargué par les objets au contact de la peau des consommateurs ne doit pas dépasser 0,5μg/cm2/semaine. Suite aux cas rapportés d’eczéma de contact au nickel lié à l’utilisation des téléphones portables, les directives européennes de 2009 ont limité leur contenance en nickel. Les eczémas de contact au nickel liés à l’utilisation des cigarettes électroniques pourraient donc devenir de plus en plus fréquents. Il s’agit de répertorier les cas afin de sensibiliser les instances européennes à ajouter cette nouvelle source de nickel à la liste des objets déjà réglementés.