Syndrome douloureux induit par les inhibiteurs de la calcineurine après transplantation rénale : une complication iatrogène rare

• Published in: Médecine nucléaire : imagerie fonctionelle et métabolique 2018-05, Vol.42 (3), p.173-173
• Main Authors: Dejust, S., Morland, D., Bruna Muraille, C., Jallerat, P., Marical, V., Schvartz, B., Papathanassiou, D.
• Format: Article
• Language: fre
• Subjects: 99mTc-HDP; Greffe; Iatrogénicité; Médecine interne
• ISSN: 0928-1258; 1878-6820
• DOI: 10.1016/j.mednuc.2018.03.107

Nous rapportons le cas d’un homme de 47 ans sous traitement immunosuppresseur (ciclosporine, mycophénolate mofétil et prednisone) adressé en scintigraphie osseuse pour suspicion d’algodystrophie devant des gonalgies bilatérales inhabituelles sévères deux mois après une transplantation rénale. L’évaluation par imagerie standard des genoux n’était pas contributive. Une ponction articulaire a permis d’éliminer une arthrite infectieuse. Les images statiques précoces des genoux et des pieds montraient une hyperhémie bilatérale et diffuse. Les images tardives montraient une hyperfixation intense, diffuse et symétrique des genoux touchant les extrémités métaphysoépiphysaires fémorales et tibiales correspondant à l’œdème osseux visualisé sur l’IRM, associée à une hyperfixation moins intense et diffuse des mains, des poignets, des épaules, des chevilles et des pieds, faisant suggérer le diagnostic de SAPPIC (syndrome algique polyarticulaire probablement induit par la cyclosporine) ou CIPS en anglais (Calcineurin-Inhibitor Induced Pain Syndrome). Suite aux résultats de la scintigraphie osseuse, la dose de cyclosporine a été réduite et la corticothérapie a été maintenue jusqu’à la diminution des polyarthralgies. Un traitement par nitrendipine a été également introduit, sans efficacité. La disparition totale des douleurs a été observée 7 mois après la transplantation. La cyclosporine est un inhibiteur de la calcineurine utilisé après transplantation et dans de nombreuses pathologies inflammatoires. L’incidence globale du SAPPIC/CIPS est comprise entre 1 % et 17 % et apparaît entre 1 et 14 mois après transplantation. La physiopathologie est mal connue, mais plusieurs mécanismes pourraient jouer un rôle important, notamment l’activation de processus nociceptifs et un effet vasoconstricteur dans la moelle osseuse. Il n’y a pas actuellement de traitement de référence, mais la réduction de la dose des inhibiteurs de la calcineurine, le changement de traitement et l’administration d’inhibiteurs calciques ou d’antagonistes des récepteurs NMDA (N-methyl-D-aspartate) pourraient réduire les symptômes. Le SAPPIC/CIPS est une complication iatrogène rare et sous-diagnostiquée caractérisée par l’apparition de douleurs sévères des membres inférieurs après le début du traitement, œdème osseux diffus à l’IRM et hyperfixation polyarticulaire intense, diffuse et symétrique à la scintigraphie osseuse.