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Mishima, l’impossible sentiment d’exister ou l’écrivain malade des mots
Le suicide de Mishima, réalisé selon le rite traditionnel du seppuku, nous interroge. Mishima, lorsqu’il se suicide, est un écrivain reconnu sur la scène internationale et qui semble jouir d’une belle vitalité. Les témoignages biographiques et les écrits autobiographiques de Mishima indiquent combie...
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Published in: | Annales médico psychologiques 2009-05, Vol.167 (4), p.303-307 |
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Main Author: | |
Format: | Article |
Language: | fre |
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Summary: | Le suicide de Mishima, réalisé selon le rite traditionnel du seppuku, nous interroge. Mishima, lorsqu’il se suicide, est un écrivain reconnu sur la scène internationale et qui semble jouir d’une belle vitalité. Les témoignages biographiques et les écrits autobiographiques de Mishima indiquent combien il fut fasciné par la mort et montrent surtout l’impossibilité qui fut sienne d’accéder à un sentiment d’exister. Le coupable lui apparut être le langage qui dévorait la réalité avant qu’il ne puisse la vivre. Il tenta de mettre en œuvre différents procédés afin de pallier ce manque à être. Le culturisme, l’engagement dans l’action patriotique s’avèreront des tentatives partielles et insatisfaisantes d’exister. Les chants patriotiques, ces formules stéréotypées scandées par les kamikazes et reprises par Mishima, pacifient son rapport au langage et lui apportent un temps un apaisement de cette douleur de vivre. Elles ne le détourneront en rien et serviront même le but qu’il s’est fixé d’une vérification ultime de l’existence au moment où l’on se donne la mort, où les forces vives se dispersent irrémédiablement. Nous nous attachons à interroger ce paradoxe : quelle fonction ont ces chants guerriers, formules banales, ritournelles pour Mishima, l’homme de lettres raffiné qui cherche dans la mort à se défaire de son statut d’écrivain en répudiant la plume ?
Mishima's suicide, realised according to the seppuku traditional rite, questions us. When Mishima committed suicide, he was a successful writer and seemed to enjoy great vitality. Biographic evidence and Mishima's autobiographical writings show how he was fascinated by death and, more particularly, show how it was impossible for him to approach any feeling of existence. He thought language was the guilty party, which was devouring reality before he could experience it. He tried to obviate this lack by different ways. Body building and engagement in patriotic action were partial and incomplete attempts to exist. Patriotic songs with their stereotyped and chanted phrases of the kamikaze pacified his relation with language and somewhat calmed this existential grief. These means did not distract him, and even helped him, in his goal of ultimately verifying existence at the moment he killed himself. The author questions the following paradox: which function did those warrior songs, those trite phrases, those old tunes have for Mishima the sophisticated writer who tried to get rid of his author status by repudiating |
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ISSN: | 0003-4487 1769-6631 |
DOI: | 10.1016/j.amp.2009.02.007 |