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Psychodynamique de la honte en prison : les poupées russes de la honte
La honte, bien qu’omniprésente en prison, est souvent cachée ou masquée, enfouie derrière les barreaux. Elle reste peu étudiée par la recherche en psychologie. Nos travaux se sont intéressés à ce sentiment dans le cadre carcéral pour tenter d’en éclairer les visages et les cheminements. Notre recher...
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Published in: | Evolution psychiatrique 2020-05, Vol.85 (2), p.207-215 |
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Format: | Article |
Language: | fre |
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Summary: | La honte, bien qu’omniprésente en prison, est souvent cachée ou masquée, enfouie derrière les barreaux. Elle reste peu étudiée par la recherche en psychologie. Nos travaux se sont intéressés à ce sentiment dans le cadre carcéral pour tenter d’en éclairer les visages et les cheminements.
Notre recherche qualitative clinique a été menée dans une maison d’arrêt de la région parisienne, appuyée sur des entretiens de suivi psychothérapeutiques et des groupes de parole sur la parentalité avec des sujets incarcérés.
La honte semble se manifester dès les premiers temps de l’incarcération à travers le corps et les non-dits. Puis elle se dessine plus nettement dans l’histoire des détenus, l’entrée dans la délinquance, ou encore le vécu de l’incarcération. Trois portraits nous permettent d’illustrer différents visages et cheminements de la honte.
Nous faisons l’hypothèse du caractère central, répétitif et cumulatif de la honte chez les détenus, comme cinq poupées russes emboîtées : la honte germerait dans l’environnement socioculturel et familial ; elle prendrait racine dans la violence et les traumatismes ; elle se révélerait dans la psychodynamique délinquante ; elle serait amplifiée par l’incarcération ; et enfin elle serait transmise en héritage à la génération suivante.
Cette recherche confirme l’importance structurelle de la honte chez les détenus, déterminant majeur dans leur parcours et semble requérir une approche psychothérapeutique spécifique.
Shame is omnipresent in jail, often in the shadows or hidden behind the masks of other affects. However, psychological research in a forensic context has paid little attention to this feeling.
This present qualitative study, conducted at a Paris suburban jail, is based on psychotherapeutic interviews and group discussions on parenthood with inmates.
Shame first reveals itself silently through body language: shifty eyes, sweaty palms, stooped shoulders. Then it becomes more apparent when incarcerated individuals expose their personal background, the origin of their delinquent behavior, or their everyday life in prison.
We posit that shame is structural and cumulative in the life of incarcerated individuals, nested like five Russian dolls in their psyche: first, shame germinates in their social and cultural environment; secondly, it roots itself in the experience of violence and trauma; then it is revealed at the heart of the psychodynamics of crime; it is amplified by imprisonment; and lastly, while still in jail, sha |
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ISSN: | 0014-3855 1769-6674 1769-6674 0014-3855 |
DOI: | 10.1016/j.evopsy.2019.12.006 |