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Quelle langue parlait Toussaint Louverture? Le mémoire du fort de Joux et les origines du kreyòl haïtien

Cet article tente de recréer la langue des révolutionnaires haïtiens, plus particulièrement celle de Toussaint Louverture, à l'aide des témoignages de ses contemporains, des lettres rédigées par d'anciens esclaves et du mémoire qu'il écrivit peu avant sa mort. Une analyse détaillée de...

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Published in:Annales : histoire, sciences sociales (French ed.) sciences sociales (French ed.), 2013, Vol.68 (1), p.109-132
Main Author: Girard, Philippe R.
Format: Article
Language:fre
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Description
Summary:Cet article tente de recréer la langue des révolutionnaires haïtiens, plus particulièrement celle de Toussaint Louverture, à l'aide des témoignages de ses contemporains, des lettres rédigées par d'anciens esclaves et du mémoire qu'il écrivit peu avant sa mort. Une analyse détaillée de ces sources faisant appel à l'histoire et à la linguistique montre que Louverture privilégiait le français à l'écrit, qu'il cantonnait le kreyòl à un rôle oral (surtout quand il s'adressait aux classes laborieuses) et qu'il n'utilisait que très rarement la langue ewe-fon de ses ancêtres aradas. Son mémoire suggère que le kreyòl haïtien, à qui certains linguistes attribuent des origines africaines, fut davantage influencé par des prononciations anciennes, populaires, ou régionales du français. La préférence de Louverture pour le français renforce aussi les thèses qui font de lui un personnage modéré et très influencé par le modèle métropolitain. With the help of contemporary accounts, letters drafted by former slaves, and the memoir written by Toussaint Louverture shortly before his death, this article attempts to recreate the language spoken by Haitian revolutionaries and, in particular, Louverture. Detailed historical and linguistic analysis of these sources shows that Louverture wrote predominantly in French, only employed Kreyòl orally (especially when addressing a working-class audience), and rarely used the Ewe-Fon language of his Arada ancestors. His memoir suggests that Haitian Kreyòl, which some linguists think derived from African languages, was more influenced by archaic, popular or regional variants of French. Louverture's preference for French also reinforces theses that describe him as a moderate figure inclined toward the European model.
ISSN:0395-2649
1953-8146
DOI:10.1017/s0395264900015547